Réflexions et infos navales, littorales et portuaires

Assurance : plutôt sponsoriser que couvrir…

Une fois n’est pas coutume, je profite de Mer360 pour exprimer mes griefs d’architecte naval. Exerçant désormais comme indépendant, j’ai constaté avec regret la frilosité des assureurs français. Faut-il nécessairement faire appel aux britanniques ? Voici donc quelques réflexions ainsi que des conseils pour les confrères en quête d’assurance…

Le nautisme : un axe de communication privilégié des assureurs

IMOCA Banque Populaire VIII Droits réservés : Thierry Martinez / BPCE

IMOCA Banque Populaire VIII
Droits réservés : Thierry Martinez / BPCE

Banque Populaire, Macif, Newrest / Matmut, Groupama, SMA, MACSF, Générali… Il suffit de regarder la liste des bateaux alignés au départ des courses de l’hiver pour constater l’attrait du monde maritime pour le secteur de l’assurance et de la banque (qui est souvent également assureur… ). On peut ajouter le soutien à des courses comme la transat AG2R ou à la Fédération Française de Voile par Banque Populaire depuis des années.

Les communicants de ces groupes se plaisent à expliquer l’attachement aux « valeurs de la mer », faites d’aventure et de prise de risque… On peut noter de belles envolées. Ainsi, sur cammas-groupama.com, on évoque : « Une aventure humaine à laquelle Groupama a su apporter le savoir-faire d’un assureur mutualiste à la fois prudent et ambitieux, protecteur et compétitif, ancré dans la réalité et tourné vers l’avenir. ». Sur voile.banquepopulaire.fr on peut lire qu’en 1999, « Banque Populaire décide de ne plus être seulement un armateur de bateau de course et s’engage dans un programme ambitieux pour devenir « La » Banque de la Voile. »

Les magnifiques engins de course et les millions d’euros investis illustrent d’eux-mêmes l’importance qu’y accordent ces sociétés.

Assurance en architecture navale ? : Trop risqué !

Le cauchemar des assureurs et des architectes : Le Titanic (le vrai pas en légo )

Le cauchemar des assureurs et des architectes : Le Titanic (le vrai pas en légo ) @ Eric Constantineau

Conscient des risques liés à toute activité de conception, j’ai souhaité prendre lors du lancement de BMS une assurance en responsabilité civile professionnelle. C’est alors que j’ai constaté le décalage entre le discours médiatique et la réalité de l’implication des assureurs français dans le secteur. Dans un premier temps, mes interlocuteurs relevaient le mot architecture qui déjà les crispait. « C’est assez spécifique, il y a des risques, nous ne couvrons pas ce métier qui est réglementé, mais il y a des assurances spécifiques à contacter. ». Lorsque je précise que l’architecture navale n’est pas réglementée par un ordre et ne rentre donc pas dans ce cas de figure, les yeux de l’assureur s’ouvrent en grand et il m’explique que cela est trop spécifique et risqué. La palme revient à une représentante de Banque Populaire (Banque et Assurances ), sponsor officiel de la FFV et du team éponyme, qui m’a répondu : « Ce qui touche au maritime, on fait pas ! »

La solution est outre-manche

N’en déplaise au chauvinisme français, nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins britanniques dans le secteur maritime. Après de longues recherches sur la toile, la solution que j’ai trouvée est en Angleterre. La suite de l’article intéressera peu les non professionnels mais illustre la difficulté de s’assurer. J’espère qu’elle servira à de nouveaux confrères. Il existe deux options : ITIC et le Lloyd’s.

Plusieurs courtiers français tels Cap Marine proposent des contrats via ITIC. Il s’agit alors d’une mutuelle d’assurance, avec un contrat en anglais. Attention, les éventuels recours ont lieu devant les tribunaux anglais.

D’autre part, j’ai pu, via Beazley obtenir une offre en français du Lloyd’s de Londres. Le contrat en français permet de relever de la juridiction française.

Les primes sont de montant comparables. Le choix se fait dans l’échange avec votre interlocuteur. Il est important de préciser au mieux l’activité pour ajuster la couverture et donc le niveau de prime…

Bien que cet article ait peu de chance de bouleverser la situation, il me semblait nécessaire de souligner l’hypocrisie des compagnies françaises tout en aidant les nouveaux venus. En attendant, réjouissons-nous de la première victoire de Groupama dans une manche de l’America’s Cup ce 28/02 en espérant qu’un jour ils assurent jusqu’au bout…

9 réponses à Assurance : plutôt sponsoriser que couvrir…

  • Donc la proposition – éventuelle – émanerait de http://www.seasecure.fr
    A chacun de se faire son idée auprès de ce courtier, au besoin.
    Il ne s’agit pas d’une recommandation de ma part mais uniquement d’une information.

  • même chose pour un expert maritime, beaucoup trop risqué !! Mais missionné tout de même par ces mêmes assureurs !!

  • Merci pour cet article ! Je salut le thème et la manière de l’aborder à laquelle je souscris à 100%. J’apprécie particulièrement la forme ironique qui convient si bien pour parler de nos « assureurs-banquiers-sponsors ». On peut d’ailleurs se demander si pour certains de ces assureurs, le décors et la mise en scène ne sont pas plus importants que le service qu’ils sont censés rendre.

    1/ Il est étonnant de voir à quel point les assureurs français sont incapables (!) de proposer des contrats spécifiques à de petites populations, donc d’envisager des risques techniques atypiques et de prendre des initiatives en réponse à un vrai besoin. La gestion du risque se résume à ne pas en prendre, un comble. Les assureurs sont donc essentiellement des machines à percevoir des redevances. le reste est accessoire, dont la couverture du risque pour les pires d’entre elles.
    L’architecture navale n’est pas la seule victime de cette incompétence. Essayez simplement d’assurer une résidence principale juste un peu hors norme…

    2/ Si l’IFAN (http://ifan.fr/) faisait son boulot – et le fera t-elle peut être un jour – l’institution prendrait pour elle cet article, et aurait déjà publié très régulièrement des tribunes de de ce genre.

    Je fais suivre à nos amis…
    Encouragements!

    • Bonjour Stéphane,
      Merci pour votre commentaire et vos encouragements.
      Il m’a en effet semblé que l’ironie valait mieux que l’agressivité, tout en donnant des pistes constructives.
      N’hésitez pas à diffuser l’article.
      Cordialement,
      Briag / Mer360

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