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Pinardier, le bateau ivre?

Depuis l’antiquité, le vin est une denrée recherchée, utilisée comme monnaie d’échange. Il faut donc l’acheminer depuis les lieux de production jusqu’au consommateur. Le poids et le volume nécessaire ont rapidement amené à utiliser les voies navigables, tant fluviales que maritimes.

Weinschiff à Neumagen

Weinschiff à Neumagen

Le pinardier antique…

On trouve de premières traces dès l’Empire romain. Une étonnante reconstitution a vu le jour sur la Moselle, à Neumagen-Dhron en Allemagne. Elle est inspirée d’une sculpture retrouvée sur un monument funéraire de l’ancienne cité de Noviomagus. Il s’agit d’un navire assez similaire aux navires de guerre, mais chargé d’inoffensives barriques. Cette galère possède deux gouvernails et 22 rames.  Ses deux figures sculptées à la proue et à la poupe, peu communes en méditerranée, préfigurent dans leurs influences nordiques, celles des vikings. Pour autant, malgré un usage habituel, le bateau n’est pas spécifiquement conçu pour sa fonction.

Le pinardier à voile

Rabelo sur le Douro

Rabelo sur le Douro

Pendant le Moyen-Age, le commerce du vin continue. Les villes hanséatiques, qui dominent les échanges maritimes européens, importent les vins français en grande quantité. Lors des escales en France, les draps importés du nord sont remplacés dans les cales par des barriques de vin, principalement de Bordeaux ou des coteaux de l’Ardèche. Le vin restant longtemps en fût durant le transport, il vieillit plus que la moyenne de l’époque. Selon la légende, les soldats napoléoniens en poste dans le nord de l’Europe le préféraient au « vrai » Bordeaux, lui-même jeune et peu travaillé. Cette tradition se poursuit aujourd’hui à travers le Rotspon. L’appellation est protégée et le vin voyage toujours par voie maritime.

Coteaux rimant souvent avec fleuve et vignoble, nombreuses sont les gabarres et autres bateaux fluviaux permettant de descendre le nectar jusqu’au port de l’estuaire pour l’exportation (le long du Douro, de la Dordogne, de la Loire..).

Le pinardier aujourd’hui!

Le Old Wine au port de Cheviré

Le Old Wine au port de Cheviré

Avec l’augmentation permanent des volumes de production et de consommation, les années 1930 amènent au développement de pinardiers modernes permettant l’emport du vin en vrac dans des cuves et des citernes métalliques. Le Bacchus, le bien-nommé, a commencé ses rotations avec Alger dès les années 20. Les fortes productions du Maghreb étaient alors débarquées à Sète, Marseille ou Rouen. Des péniches pinardières desservaient le port aux vins de Bercy. Sans aucune poésie, ces navires sont désormais considérés comme des chimiquiers. Les dangers s’apparentent en effet au transport de liquides dangereux. Il faut contrôler les gaz inflammables, la température et autres paramètres sensibles.

Petit clin d’œil à nos amis irlandais, des tankers ont aussi transporté le vrai or noir : les « Guinness tankers ». Le brasseur a longtemps été armateur, acheminant lui-même sa production dans tout le Royaume-Uni.

Aujourd’hui, des pinardiers accostent toujours dans le port de Nantes. Ils exportent en vrac le jus local servant dans les vins de la communauté européenne. Une consommation plus qualitative a fait baisser les volumes transportés. La construction de tels navires se fait rare.

Et demain?

Les enjeux écologiques actuels ramènent le transport maritime sur le devant de la scène. Des initiatives telles que la TOWT ou l’association Vin de voile se sont ainsi montées récemment pour renouer avec un transport vert de vin rouge…

Pour en savoir plus :
Modes de transport maritime du vin
L’origine de la galère de Neumagen
La galère de Neumagen (en allemand, mais de belles photos pour les non germanophones)
Histoire du Rotspon
Histoire des Guinness tankers
Les pinardiers du futur..: TOWT, Vin de voile
 
Crédits photographiques :
Weinschiff de Neumagen : Chris (licence CC BY 2.0)
Rabelo sur le Douro : Thomas Istvan Seibel (licence CC BY-SA 3.0)
Old Wine à Cheviré : mer360

 

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