Besoin d’îles

Publié le 18 décembre 2014 | Par Briag

Besoin d’îles…. Voilà un titre qui invite à rêver et à s’évader. L’objectif est atteint et même dépassé par une réflexion sur les îles, sous tous leurs aspects.

Le carnet de bord d’un voyageur enseignant

Louis Brigand, professeur de géographie, spécialiste des îles à l’Université de Bretagne Occidentale, a souhaité livrer avec cet ouvrage un témoignage sur son travail en s’éloignant des conventions scientifiques. Pour cela, il s’est isolé seul sur l’île de Beniget en avril 2008 afin de se consacrer à l’écriture. L’auteur mêle les évocations du quotidien de cette retraite avec celles de son expérience d’enseignant et ses réflexions générales sur l’insularité.

La vie du chercheur sur son île rappelle celle, austère, du gardien de réserve naturelle, seul à la manière d’un Robinson. Pourtant, les souvenirs de ses missions tout autour de la Bretagne et parfois plus loin (Sibérie, Patagonie…) donnent une variété et une certaine gaité au livre. Néanmoins, que ceux qui espèrent trouver un catalogue de destinations exotiques s’abstiennent. Il n’en est pas question ici. Il s’agit plus souvent de noms familiers aux navigateurs bretons : Arz, Ouessant, Molène, Chausey, les Glénan…. Après avoir partagé l’isolement d’un étudiant sur l’île aux Moutons aux Glénan, on apprécie la joie de campagnes de collecte d’informations en groupe et en musique avec la Fanfare Zébaliz dont fait partie l’auteur.

Une réflexion sur les usages et le devenir des îles

Par son parcours et celui de ses étudiants, Louis Brigand apporte son éclairage sur la « nissonologie », science des îles. Sans être didactique, le livre nous offre, au delà des récits évoqués ci-dessus, des informations concrètes. L’auteur montre la transformation des usages des îles occidentales depuis le début du XXè siècle. Il explique les méthodes de mesure des activités touristiques.

L’exercice de « géographie-fiction » qu’il nous invite à faire en retournant l’archipel des îles du Ponant est particulièrement intéressant. Il permet de comprendre nombre de mécanismes de développement insulaire.

Comme indiqué plus haut, il ne faut surtout pas s’attendre à un top ten des plus belles îles, mais bien à une invitation à la réflexion sur celles-ci, ce qu’elles sont et ce que l’on en attend.

Pour finir, je citerai une des dernière phrases de l’ouvrage qui évoque un chocolat, besoin qui m’est presque aussi cher que celui d’îles… Voyager avec son archipel en poche, n’est-ce pas une bel objectif?!

Le Délice de Beniget! C’est un chocolat noir qui ressemble à l’île : quasiment plat, simplement légèrement et irrégulièrement bombé, découpé avec des anses, des pointes, des caps. J’en achète immédiatement. Je sors avec mon précieux archipel, regroupé dans le plus grand désordre, dans une petite pochette transparente, fermée par un petit lien rouge.