Réflexions et infos navales, littorales et portuaires

Ports : contre l’extension des parkings à bateau…

Petit port naturel de Ponza

Petit port naturel de Ponza

Bien avant l’automobile, le bateau a été le premier moyen de transport à propulsion non animal. Il a vite fallu le stocker entre deux utilisations. Quelque soit l’environnement: froid ou tropical, avec ou sans marée, l’objectif était de trouver un abri pour protéger le précieux instrument des assauts de la météo. C’est ainsi que les bateaux ont été regroupés dans les sites présentant les meilleures protections naturelles. Ainsi sont nés les premiers ports. Face à l’importance économique de ces lieux, la vie s’est souvent installée en abord. Les ports étaient alors situés au cœur de la cité, en symbiose avec leur environnement. Ils ont donné leur charme et leur identité à de nombreuses villes. Les activités s’y mélangeaient : pêche, commerce, trafic passager et plus récemment plaisance.

L’extension des marinas

Avec la démocratisation de la plaisance, le manque de places de port s’est fait sentir. Comme pour l’automobile en ville, on a alors densifié! A l’image des grands parkings souterrains, on a créé des marinas pour entasser les bateaux de plaisance. Au mépris de toute notion d’esthétique ou de sécurité, on a bétonné les côtes, construit des kilomètres de pontons dans des zones où la protection naturelle était quasi nulle. Pour faire face au nombre croissant d’embarcations, on a ajouté toujours plus d’anneaux pour des bateaux qui ne sortent en moyenne qu’un jour par an. Ces lieux ont pour la plupart la chaleur d’un parking souterrain: aucun lieu de vie, de gigantesques aires de stationnement en abord.

Port des minimes

Port des minimes

Le port des Minimes à la Rochelle est un des plus beaux exemples français. Avec 4900 places depuis son extension en 2014, il est l’un des plus importants au monde selon son site officiel. Créé en 1970 dans un marais peu protégé, ses défenses sont pour la plupart artificielles. Il a déjà fortement souffert lors du passage de la tempête Xynthia en 2010. Qu’en sera-t-il à la prochaine attaque, alors que les extensions ont été faites dans une pure logique de remplissage, sans aucun souci de la sécurité des bateaux? Pour avoir dormi dans les nouveaux bassins avec une météo clémente, le clapot et le rappel sur les aussières étaient déjà anormalement élevés.

Des ports modernes réussis…

St Katharine's Dock

St Katharine’s Dock

Pourtant des solutions existent. D’une part, les petits bateaux à moteur utilisés à la journée pourraient avantageusement être stockés à terre avec le développement des solutions de port à sec. Ils permettent une utilisation rationnelle de l’espace, très précieux en zone littorale. D’autre part, pour les embarcations devant absolument rester à flot, des projets modernes réussis ont vu le jour. Dans certains cas, ils ont réinvesti des sites existants, à l’image des docks londoniens ou de la base des sous-marins à Lorient. Dans un souci urbanistique, ils ont sinon recréé des lieux de mixité, mélange d’habitations, de commerces et de places de port.

Le cadre reste essentiel. Rappelons que contrairement à la voiture, il est courant de dormir et vivre à bord de son bateau. Personne ne voudrait vivre dans un parking Vinci (ou équivalent…); il est donc urgent de ramener de l’humanité dans les ports de plaisance!

Crédits photographiques (sous licence :CC BY-NC-SA 2.0):
Port de Ponza : Silvio Pastore Stocchi
Port des Minimes : Alizée Vauquelin
St Katharine’s Dock : Jean-Victor Eck

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