Wellboats ou comment promener des saumons..
C’est l’été, que diriez-vous d’un petit tartare de saumon, à l’ombre avec un verre de blanc frais ? Avant d’arriver là, votre saumon d’élevage a navigué sur des bateaux pas comme les autres, les wellboats. Petit tour d’horizon d’une technologie en plein développement. Enjeux écologiques, construction…
Le cycle d’élevage du saumon
Comme chacun sait, le saumon est un potamotoque à migration génésique anadrome ! Traduction : il naît dans les petits cours d’eau douce, migre ensuite vers l’océan où il vit pendant quelques années avant de retourner dans le cours d’eau où il est né pour se reproduire. Cette caractéristique implique pour la pisciculture de changer les poissons de milieu à différents stades de leur vie.
Les œufs et la laitance sont prélevés sur des spécimens adultes. La fécondation est réalisée dans une écloserie. Chaque œuf est ensuite amené à maturité séparément. Pendant un an, les alevins ainsi obtenus sont nourris à terre dans des bassins d’eau douce. Arrivés au stade de juvéniles, leur croissance a permis les mutations nécessaires à la vie en mer. Ils sont alors transférés vivantsj usqu’à des parcs en mer à bord de wellboats. Après un élevage pouvant atteindre 2 ans, la récolte peut avoir lieu. Ils sont acheminés par bateau à l’usine de transformation en vue de la commercialisation.
Embarquement et débarquement des wellboats
Le passage des saumons d’un milieu vers l’autre est une étape clef. Afin d’assurer la qualité et une bonne gestion de la ressource, la méthode de transfert doit être la moins traumatique possible. Pour limiter les coûts de production, le système est automatisé au maximum.
Les viviers, réservoirs accueillant les poissons, sont préalablement remplis. Le navire vient ensuite se positionner à proximité des parcs où il plonge plusieurs tuyaux. Des pompes aspirent les poissons tandis qu’un filet les rabat vers l’entrée. Lors du passage dans les conduites, le nombre d’individu est compté automatiquement.
Lors du déchargement, un système inverse est mis en oeuvre. Une paroi mobile guide les poissons vers la sortie.
Les précautions sanitaires
L’importante concentration de saumons dans un espace réduit entraîne de nombreux problèmes sanitaires. Les méthodes traditionnelles de transport de poisson vivant fonctionnaient en système ouvert. L’eau des viviers étaient renouvelée en permanence avec l’eau environnante,par des pompes ou par de simples trous dans la coque. Désormais, on privilégie les systèmes fermés dans lesquels l’eau circule en continu. Elle est réoxygénée et filtrée tout au long du transport. De plus, la température est maintenue basse afin de limiter le développement de parasites et de calmer les poissons.
L’un des risques principaux est le développement du pou du saumon. Ce parasite, présent à l’état naturel, est un problème majeur de la pisciculture. La forte densité de poissons favorise son développement, particulièrement dans les viviers fermés. Il peut entraîner des lésions importantes et une forte mortalité. Lors de la filtration, des systèmes actifs permettent de les traiter. Les pesticides restent aujourd’hui le moyen le plus utilisé, malgré les dommages collatéraux.
La réglementation des pays producteurs indique les zones de pompage et de rejet autorisées. Elles sont situées loin des zones d’élevage et d’habitation, afin de limiter les risques de pollution.
A l’image des eaux de ballast (voir article précédent sur le sujet), l’eau est traitée avant rejet par ozone ou ultraviolet afin de détruire les parasites présents.
Jusqu’à quelle taille ?
Parallèlement à l’essor de la salmoniculture, la taille des wellboats augmente régulièrement. Les derniers navires comme le Ronja Polaris peuvent transporter jusqu’à 3000 m3 d’eau et 450 T de poissons. Ils atteignent 80m et pourraient continuer à grossir.
Plusieurs facteurs expliquent l’augmentation de taille. D’une part, les dispositifs de traitement de l’eau se complexifient. Ils nécessitent un espace important et entrainent une consommation énergétique élevée. D’autre part, afin d’améliorer la productivité, le traitement et le conditionnement des saumons a vocation à être réalisée à bord.
L’industrie du saumon est encore florissante. Où s’arrêtera la course à la production ? La question reste ouverte. Ces navires techniquement intéressants posent des problèmes sanitaires évidents.
Pour en savoir plus :
Fiche à télécharger du Ronja Polaris sur Ingenieria naval
Crédits photographiques :
Saumon pacifique : Bureau of Land Management of Oregon and Washington (licence CC BY 2.0)
Système de traitement de l’eau : © Naviera Orca
Ro Arctic : Shipspotting © Frode Adolfsen
Laisser un commentaire