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Ferrailleurs des mers de Paolo Bacigalupi

Ferrailleurs des mersFerrailleurs des mers : un livre de science-fiction surprenant inspiré d’une triste réalité.

D’étranges similitudes avec le réel

Nailer, le jeune héros du récit est un « léger ». Il fait partie des équipes d’adolescents chargés de récupérer les métaux et autres matières premières à bord des tankers échoués sur la plage. Même si la peinture LED qu’il utilise pour se diriger dans les conduites de ventilation des navires est futuriste, il n’est pas sans évoquer les ouvriers œuvrant aujourd’hui au démantèlement des épaves en Asie du Sud-Est. Dans le scénario post-apocalyptique de Paolo Bacigalupi, la Nouvelle-Orléans a été détruite à plusieurs reprises par des tempêtes, surnommées « tueuses de ville ». Le climat, déréglé, a provoqué une hausse du niveau des mers, plongeant la Louisiane dans le tiers-monde.

Suite à un ouragan, Nailer trouve une épave. Alors qu’il s’apprête à la piller, il y découvre une jeune héritière qui l’entraînera dans de nombreuses aventures.

Dans ce roman d’initiation destiné aux adolescents, l’auteur force le trait de nos réalités pour amener ses lecteurs à réfléchir aux enjeux environnementaux et sociaux.

Les transports du futur

Depuis la plage où il travaille, Nailer admire avec envie les clippers, nom « rétro-futuriste » donné aux nouveaux navires de commerces imaginés par Bacigalupi. Il s’agit ici de voiliers à coque en carbone, montés sur des foils et propulsés par des paravoiles (ou kites) utilisant les jet-streams en altitude. L’auteur concentre les innovations déjà connues aujourd’hui en un seul navire de charge. Bien que faisant preuve ici de peu d’imagination, il sait rendre son rêve vivant. Le lecteur passionné de voile se reconnaîtra dans la fascination de Nailer. Timidité dans l’anticipation ou ignorance de l’existant, Bacigalupi évoque une vitesse de 52 nœuds, déjà quasiment atteinte par l’hydroptère en 2009 !

Autre élément des transports du futur déjà évoqué dans ces colonnes, le climat modifié permet la navigation en ligne droite par le pôle entre le Canada et le Nippon. C’est devenu l’axe de transport maritime privilégié. La piraterie règne dans ces eaux. Elle est devenue la seule source de revenus d’une population locale dont les terres ont disparu.

Style cru pour un roman parfois violent

Que l’on soit adolescent ou adulte amateur d’anticipation, c’est avec facilité que l’on lit ce livre. On peut regretter un style parfois gratuitement violent. La traduction, correcte dans le vocabulaire courant pêche sur certaines traductions de termes techniques.

Les férus de science-fiction pourront lire l’œuvre de Paolo Bacigalupi avec plaisir, quel que soit leur âge. Néanmoins, le livre est surtout à conseiller aux collégiens à l’imagination fertile. Une invitation à naviguer toujours plus vite!

 

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